mardi 10 décembre 2013

Et si on s'auto-formait (suite) : tout savoir sur la "MOOCmania"



Se former chez soi tout au long de la vie
Vous êtes tenté par la formation continue ? Vous avez sûrement entendu parler des MOOCs (ou "massive open online courses"), souvent conçus par des établissements de l’enseignement supérieur renommés. Nés aux États-Unis en 2008, sous les auspices du MIT et de l’université de Stanford, ces cours en ligne collaboratifs sont ouverts à tous gratuitement (pour l’instant en tous cas) et sans condition de diplôme. Pendant une petite dizaine de semaines, les participants suivent des leçons en vidéo, testent leurs acquis et échangent virtuellement entre eux ou avec les professeurs.

La France n'est pas en reste puisque FUN (France Université Numérique), la première plateforme française de cours en ligne, est désormais ouverte. Plus de 12 000 personnes s'y sont déjà inscrites pour accéder aux 25 premiers MOOCs (Massive Open Online Courses) qui débuteront au premier trimestre 2014.

Dès janvier, vous pourrez suivre gratuitement, à votre rythme, des cours du CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), de l’Ecole Centrale de Paris, de l’Ecole Polytechnique, de Sciences Po, des universités de Bordeaux 3 ou Montpellier 2 ou Nanterre, et prochainement les cours de mathématiques de Cédric VILLANI, médaille Fields 2010.

Vous souhaitez créer votre entreprise : optez pour un MOOC sur la gestion d’entreprise avec www.passeportpourgerer.com, plutôt orienté TPE/PME, qui propose une centaine de formations gratuites durant 10 jours.

Un début même si la France se situe derrière d’autres pays européens comme l’Espagne (83 MOOCs recensés), la Grande-Bretagne (55) ou l’Allemagne (53). La seule « Khan Academy » (plateforme gratuite créée par le militant de la web-éducation Salman Khan) revendique déjà plus de 9 millions d’e-apprenants. Aux Etats-Unis, la plateforme Coursera concernerait 5,5 millions de membres.

Alors, le MOOC est-il la solution pour tous ceux d’entre nous qui travaillent ou habitent loin d’un centre de formation ou encore n’ont pas le moyen de s’offrir certaines formations en présentiel ? Ne nous emballons pas ! 

Tout d’abord, il n'est pas donné à tous de réussir un MOOC  ni d’aller au bout : cela demande beaucoup d'autodiscipline et d'organisation. Entre 60 % et 80 % des étudiants abandonneraient en cours de route. Pour être capable d’aller au bout des enseignements proposés, un MOOC suppose, en effet, assez de recul sur la nécessité d’apprendre par soi-même et sur les contraintes et difficultés qui vont avec. Et je sais de quoi je parle pour avoir moi-même obtenu une licence de psychologie grâce à l'IED (Institut d'Etudes à Distance) de Paris 8. La plateforme, les cours, les relations avec les professeurs y sont extrêmement bien faits mais, après 3 ans pratiquement seule face à mon ordinateur, j'avais un peu hâte que cela se termine !

Ensuite, certains estiment déjà que les MOOC représentent une formation au rabais. Une dizaine de séances de quinze minutes chacune peut paraître à première vue un peu léger pour évoquer la philosophie contemporaine ou les événements de la Seconde Guerre mondiale.

Le développement des MOOCs pose, en outre, la question de la reconnaissance des savoirs et compétences acquis par ce biais. Aujourd’hui, la plupart des MOOCs ne sont pas qualifiants, les participants étant davantage intéressés par le processus d’apprentissage que par le diplôme final. Il est peu probable d'ailleurs qu’à court ou moyen terme, ce type d'enseignement débouche sur des certifications classiques. Ce qui est possible cependant, c’est de permettre l’acquisition de « badges » comme ceux du MOOC français Itypa 2 (Internet Tout y est Pour Apprendre) qui propose cinq badges, gratuits ou payants (entre 25 et 40 euros) attestant le suivi de chaque cours. Dans notre pays où le diplôme reste roi, quelle valeur accorder aux MOOCs dans ce cas ? 


Sans compter que la gratuité pourrait bien être aussi battue en brèche. Nombre d'entreprises privées sont déjà à l'affut et comptent bien transformer ces outils pédagogiques en produits lucratifs et rentables. 


Il n’empêche que les MOOCs pourraient bientôt apparaître sur les CV. Visant à acquérir des compétences utiles à une carrière, dans l’entreprise ou en dehors, ils seraient un bon moyen de justifier vis-à-vis d’un futur employeur un niveau de connaissances minimum. Et, en interne, pourquoi ne pas imaginer que, prochainement, les DRH recommandent à leurs salariés de suivre des MOOCs pour se maintenir à niveau? Certaines plateformes flairent là aussi le filon en créant des sessions sur mesure (et payantes) pour les entreprises. 


La place  et le statut des MOOCs dans  notre PAF (paysage d’auto-formation) restent donc à définir !

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